Comedie ?
par Lisa Chalvet
Comme un genre de .... comédie
Le genre comique apparaît en France déjà dans le cinéma des frères Lumière. En effet, L’arroseur arrosé qui constitue la première séance publique payante va marquer l’entrée du genre comique au cinéma. La réussite de certaines comédies repose précisément sur la manière dont elles jouent à la fois du corps burlesque de Keaton et Chaplin et du comique théâtral (dans la tradition de la comédie italienne et d’un certain cinéma français – Tati, Guitry) ; des gestes et des mots. Stanley Cavell a montré que les comédies hollywoodiennes qui ont diverti l’Amérique dans les années 1930, avec Spencer Tracy ou Cary Grant et Katharine Hepburn, sont les dignes successeurs de la tradition du music-hall américain, autant que du burlesque muet. Les couples mis en scène par Cukor, Capra, Sturges et McCarey mettent en œuvre un véritable art de la conversation amoureuse, qui requiert autant l’esprit que le corps. Ces échanges reposent autant sur des mots d’esprit que sur la rencontre burlesque des corps qui trébuchent, se cognent, se ratent. Cette année la Semaine du Film français propose Lolo, le dernier film de Julie Delpy ; il puise aux diverses sources du comique. Son univers, décrit par elle-même et le comédien Dany Boon est fait de tact, de non-dits, de gêne, de jeux de mots, de douceur, de candeur, d’émotions contenue. Et comme dans les comédies que Cavell appelle « du remariage », le comique sert une réflexion sur la conjugalité. Les personnages de Delpy recherchent l’amour. Ils tâtonnent, s’aveuglent sur leurs propres désirs et l’expriment avec une maladresse confondante. En nous faisant rire de leurs difficultés et de leurs échecs, Delpy nous incite à revenir sur nos visions toutes faites du couple et de l’amour. Savons-nous vraiment ce que c’est que « faire corps » avec l’autre, que « faire couple » ?